Kotronaki, L., Seferiades, S. (2010) «Sur les sentiers de la colère: L’espace-temps d’une révolte (Athènes, décembre 2008)», Actuel Μarx, Νο. 48, Septembre, pp. 152-65

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Cet article vise à jeter la lumière sur une forme particulière de la politique conflictuelle et jusqu’ alors théoriquement peu explorée : l’action collective insurrectionnelle. Tout en considérant ‘les évènements de décembre grec’ comme une expression représentative de ce registre épisodique de l’action collective notre première tache est d’ordre conceptuel. Des événements similaires sont souvent interprétés en termes d’émeute. Mais, même si on embrasse le descriptif ‘émeute’ pour qualifier les événements en question, quels sont les éléments constitutifs de ce mode d’action conflictuelle ? Une fois la notion d’ ‘émeute’ définie, nous allons soutenir que ‘le décembre grec’ n’était pas une émeute ‘routinière’, mais une forme de faire la politique conflictuelle particulière : l’action collective insurrectionnelle. La variable déterminante et distinctive, selon nous, demeure dans le processus de diffusion des actions émeutières à une échelle socio-géographique beaucoup plus amplifiée que leur foyer initial. Au-delà de la conjoncture structurelle (déficit démocratique, crise économique et crise de représentation politique), à nos yeux, ce processus de diffusion ne peut être approché que si on ne prend en compte trois dimensions de la politique conflictuelle, jusqu’alors opaques, à savoir, les dimensions émotionnelle, spatiale et temporelle.